24-26/03/18,
Nous avions réservé un transfert samedi à l’aube vers Paksé, la plus grande ville du sud du pays, à une trentaine de kilomètres au nord de Champasak. Nous pensions voyager en songthaew (de « song » : deux et « thaew » : le banc) à savoir des pick-up aménagés munis de deux bancs dans le sens de la longueur, utilisés pour le transport de personnes, de bétail et de marchandises. Finalement, un des propriétaires de l’hôtel devait emmener sa fille à Paksé à ce moment là et nous avons pu faire la route en 4×4 rutilant, avec clim, musique et surtout à très grande vitesse. Tout cela pour le même prix !
Notre expérience scooter a commencé avec la rencontre de Franck et Louise, un couple de français, arrivés quelques secondes avant nous et qui ont pris devant nous le dernier scooter disponible chez le très renommé « Miss Noy » ! Sans rancune, nous ne le savions pas encore mais nous allions passer les 24 prochaines heures en leur sympathique compagnie !
Pour en revenir à notre histoire de scooter, nous obtenons à la guesthouse d’à côté nn bolide flambant neuf et automatique, d’un orange du plus bel effet, affichant 5000 km au compteur. Nous avons opté par mesure d’économie et de sécurité pour un scooter pour deux (Sécurité pour MC surtout, dont l’expérience à deux roues est… inexistante. Déjà sur un vélo c’est compliqué.). Nous avons loué la bête pour 90 000 kips/ jour (9€) et confié nos gros sacs à l’hôtelier.
Nous avons fait un petit saut au marché de Paksé, qui est littéralement immense (mais hyper ordonné), et acheté quelques fruits pour la route : deux mangues, des longans et une livre de ce que nous avons cru être des abricots (en dépit de toute logique) mais qui s’est avéré être une variété d’agrume acides (peut être des kumquats ?) et immangeables !
Au programme des prochains jours, une boucle de 240 kms (100 le premier jour, 90 le deuxième et 50 pour revenir sur Paksé) dans la campagne, sur un plateau aux lointaines origines volcaniques et dont le climat plus doux que dans la plaine se prête bien aux cultures. En vrac, nous avons traversé des plantations de manioc (dont c’était la récolte, qui est intéressante : on déracine la plante pour consommer le tubercule, puis on replante la tige en pleine terre… et le rhizome repousse ! Recyclage direct !), des rizières, des vergers (mangues, bananes, jacquiers, durians, ananas…) et surtout d’innombrables plantations de café.
Nous avons visité l’une d’entre elles (la plantation de Mr Vieng, qui est fort sympathique et nous a fait visiter sa plantation bio en long en large et en travers en nous faisant goûter tout ce qui se mange… et il a une vision assez large du comestible). Nous en avons appris long sur cette boisson que nous buvons tous plus ou moins quotidiennement !
Tout d’abord, le caféier est une plantation d’altitude : entre 500 et 1500 m voire au dessus de 800 m pour l’arabica. Il existe 3 variétés de café : arabica, robusta (plus fort et plus amer) et liberica (moins connu, il a moins de gout, se vend moins cher et a une culture moins rentable). Les plants d’arabica poussent facilement, séparés de moins d’un mètre. Ce sont de petits arbustes. Le robusta a besoin de 2-3 m d’espace avec ses voisins, et le liberica de 5 m. Tous ces arbres donnent pendant 20 ans environ, et dès la troisième année.
Nous avons pu voir chaque étape de la production ! Tout d’abord la fleur. Elle sent délicatement le jasmin, et pousse en petites grappes. Dès qu’elle est sèche on peut la cueillir (avant aussi, mais dans ce cas là, pas de grain !). Elle se consomme en infusion, qui a un petit goût sucré. On peut aussi la fumer. Franck avec qui nous étions, a testé l’expérience : apparemment le goût est un peu sec et sucré, mais il n’y a pas d’effet particulier.
Après la floraison, il y a des baies vertes, puis rouges puis noires. Noires, c’est trop tard, vert c’est trop tôt ! La moisson a lieu entre novembre et avril selon la variété, à la main car plusieurs stades de maturité coexistent sur la même grappe. Ensuite, le fruit est débarrassé de sa première peau (la chair colorée, qui a un goût sucré mais n’est pas digeste (on a sagement recraché) mécaniquement et séché au soleil plusieurs jours. Il est ensuite pilonné et vanné pour le débarrasser de la deuxième enveloppe. La troisième enveloppe disparait lors de la torréfaction (à laquelle nous n’avons pas pu assister car le ventilateur de Mr Vieng était en panne… Nous souhaitons bon rétablissement à la machine, qui est essentielle pour lui. Dans le cas contraire il devra en racheter un à Bangkok !) Avant torréfaction, les grains se gardent 2 ans, après torréfaction ils sont encore bons 8 mois environ. Nous avons pu goûter les grains à chaque étape de leur préparation, c’était très intéressant. Le café final était bon, mais un peu trop « plat » pour nous. Ici, on boit l’arabica pur, torréfié comme nous en avons l’habitude. Rien à voir avec le café que nous avons pu boire au Vietnam, dont tous les voyageurs (nous y compris, et Christine aussi !) nous disent que c’est le meilleur : là-bas, il s’agit de robusta, et très torréfié, ce qui lui confère un sérieux goût de caramel, ou de chocolat (de brûlé, diront ses détracteurs :D). Mr Vieng a bien insisté sur la nécessité de cueillir les grains rouges, de les sécher au soleil (ils sont alors jaune pâle) et de les torréfier pour obtenir la couleur café que nous connaissons. Quand nous lui avons demandé ce qu’on pouvait faire des grains trop murs, déjà bruns lors de la cueillette, il a répondu avec une moue de mépris « pfff… Nescafé ». A contrario, le café de luxe ne contient que les grains mâles (les caféiers donnent des fruits mâles et femelles (un grain dans les fruits males, deux dans les fruits femelles, 10% de fruits mâles), et il semblerait que le goût des grains mâles soit plus fin. C’est surtout beaucoup plus cher car il faut les trier à la main… Lui n’en vend pas !
Au cours de cette visite, nous avons pu manger de la mangue verte, du jacquier vert, du « fruit œuf », un fruit qui s’apparente à la mangue pour le goût et au jaune d’œuf pour la texture et la couleur… et des fourmis rouges ! Une fois écrasées, elles sentent mauvais (le vinaigre) mais ont un petit goût de citron. C’est un peu croquant.
Après avoir traversé de jolis petits villages, fait coucou à plein de gamins et mangé des kilos de poussière, nous sommes arrivés à Tad Lo, notre destination du premier jour. C’est un petit village qui comporte 3 cascades (enfin, deux depuis la construction d’un barrage en amont d’une des rivières) dans lesquelles nous nous sommes baignés avec joie, en compagnie d’une bonne partie du village, que ce soit samedi soir ou dimanche. Moment très agréable et rafraichissant, surtout quand, après avoir franchi un coude de la rivière, nous nous retrouvons quasi-seuls au monde avec Franck et Louise. Apaisant.
Pour information, la tenue de rigueur pour se baigner ici (au Laos, au moins en présence de Lao) est… habillée. Le bikini n’est pas de mise, et même ces messieurs torse nu se sentent… nus (au moins hors de l’eau). Pour reprendre l’expression du loueur de scooter (belge), se baigner en bikini ici fait à la population l’effet d’un nudiste sur une plage familiale le samedi après-midi. On le reluque un peu, mais surtout, il gène. Donc, nous nous sommes baignées en sarong pour les filles et t-shirt et short de bain pour les garçons. MC a testé le sarong intégral attaché autour du cou, autour de la poitrine, sarong t-shirt… au final elle a surtout regretté de ne pas avoir emporté un short ou un deuxième pantalon… parce que nager en jupe c’est bof bof niveau confort, et ça remonte.
D’ailleurs, faisons un aparté technique : le paréo de MC est allé rejoindre son pantalon et un des ses T-shirts au paradis des vêtements pas assez solides. D’où un conseil : pour un voyage au long cours, investissez dans du neuf. Ca paraît inutile mais en fait, le matériel est mis à rude épreuve car on a moins d’affaires différentes, et on fait des choses inhabituelles. Comme nager en paréo sous une cascade, et se hisser sur des rochers dans un paréo mouillé qui colle aux cuisses (et craaac).
A l’heure du repas, nous nous transformons en commis de cuisine : hachage de viande pour le Lap, préparation du curry au poulet, bruschettas improvisées, tortillas… Les styles se mélangent et le résultat est à la hauteur de nos efforts !
La deuxième journée a été consacrée à batifoler dans les cascades à nouveau avec les jeunes du coin. On a surtout admiré les enfants qui sautaient du haut de la cascade, en se trempant prudemment les pieds. Impressionnants ! Chose qui a son importance, la tong de Minh a rendu l’âme, après des années et des centaines de kms de bons et loyaux services, elle a décidé de rejoindre le cimetière initié par MC.
Puis nous avons repris la route pour avancer dans ce paysage superbe, et nous sommes posés le soir dans une microscopique maison d’hôte, où nous avons payé 20000 kips chacun pour la nuit (pour ceux qui ont mal suivi, ça fait 2€). Pour un matelas double au sol sous moustiquaire dans un dortoir… certes ! Mais nous avons bien dormi, recrus de fatigue.
Encore des cascades le lendemain ! Pour commencer, Tad Itou, que nous avons pu admirer seuls au monde dans la lumière du matin, un moment parfait. Nous avons ensuite découvert Tad Fane. Nous ne pouvions pas ne pas aller la voir, puisque c’est la plus haute du pays (120 m de chute quand même), mais nous avons été un peu déçus car le point de vue est assez loin et un peu cher pour ce que c’est. En effet, toutes les cascades ont un accès assez aménagé et généralement un parking payant. Les loueurs de scooter recommandent d’utiliser ces derniers car ils ont beaucoup de vols, et les droits d’accès sont incontournables. Nous avons payé en gros 25 000 kips pour chaque cascade ce jour-là. Cette somme paraît raisonnable quand on parcourt plusieurs centaines de mètres de chemins aménagés, avec des ponts, mais pour se contenter d’un seul point de vue… bof.
Nous avons ensuite visité Tad Yuang et Tad Champee, qui sont deux magnifiques petites cascades de 10-15 mètres, munies d’un bassin à leur pied et d’un gros capital tranquillité. Vraiment nos deux préférées, sans discussion !
Puis nous avons entamé la route (poussiéreuse et défoncée par les travaux) du retour et embarqué dans un bus de nuit en direction de Vientiane, direction l’ambassade de Mongolie pour notre visa !