05-07/04/18
Nous arrivons à Vientiane à 5h30 après avoir dormi pendant la majeure partie du trajet. Pourtant, nous avions les sièges-lits du fond, en haut, et la route secouait plus qu’un peu… mais nous sommes manifestement un couple de loirs. Nous avons cassé notre tirelire et profité d’une promo booking pour nous offrir une chambre supérieure avec bain à remous et buffet de petit-dej. Malgré tout, la chambre n’est pas disponible à 6h et nous nous mêlons aux Lao qui partent travailler pour une soupe et un café. Puis nous nous rendons, en croisant les doigts, à l’ambassade de Mongolie. Nous faisons l’ouverture à 8h30. A 9h, nous avons nos visas (sachant que le formulaire nous a pris un bon quart d’heure à remplir !).
Fort de ce premier succès et de notre efficacité, nous décidons de surfer sur les faveurs du dieu de la diplomatie et marchons les 700 m qui nous séparent de l’ambassade de Chine. Formulaire, dossier (billet d’entrée, de sortie, réservation d’hôtel, justificatif d’assurance…), photo collée soigneusement, queue au guichet. Tout est bon. Et là, le préposé nous tend un coupon et nous explique qu’il faut aller payer à la banque et revenir à 15h pour récupérer notre visa (avec la procédure express, sinon c’est 5 j ouvrés). L’International Commercial Bank of China n’est jamais qu’à l’autre bout de la ville, alors nous prenons un tuk tuk et en route !
Nous en avons pour 124 dollars, et nous avons 120 dollars sur nous (nous devions faire ce visa à Auckland initialement). Nous pensons donc payer par carte… mais c’est impossible : elle n’est pas émise par une banque chinoise. Nous payons donc la différence en Kips : pour 4 dollars (soit environ 32000 kips) nous avons des frais de transaction (il y a une opération de change !) de… 10 000 kips. Ouch ! Nous avons notre sésame assez rapidement et nous quittons les lieux… après s’être vu signifier par le distributeur automatique de billets que non, ce n’est pas possible de retirer avec cette carte « for some reason » (sic). Nous retirons donc nos derniers kips à la fidèle MekongBank, celle qui ne nous prend pas de frais depuis Phnom Penh.
Nous faisons ensuite 2-3 km à pieds pour admirer l’arc de triomphe (construit avec une donation américaine de béton initialement destinée à agrandir l’aéroport) puis visitons des quartiers tranquilles de Vientiane. Nous nous arrêtons même dans une pharmacie pour une crème anti-démangeaison : MC s’est fait attaquer par une colonie de moustiques affamés dans le bus de nuit, elle a une quarantaine d’énormes piqures et se gratte de partout.
Nous déjeunons à midi avec Virginie, qui a été la chef de clinique de MC à Robert Debré pendant quelques mois. Sur ses conseils, nous allons visiter le COPE Visitor Centre. Le COPE (Cooperative Ortothic and Prosthetic Enterprise) est une structure de soins et de rééducation destinée initialement aux personnes amputées suites à des blessures par engins non explosés (notamment issus de bombes à sous-munitions) ou des mines anti-personnel. En effet, le Laos a été bombardé de façon intensive par les USA pendant la guerre du Vietnam (alors même qu’il n’était pas en guerre avec les Etats-Unis !). Il s’agissait de couper la piste d’Hô Chi Minh, qui ne s’embarrassait pas de la frontière ; parfois aussi de ne pas rentrer à plein et de se débarrasser des bombes non larguées sur la cible.
De nombreux engins n’ont pas explosé (environ 20%), et explosent au gré de manipulations, lors de défrichage ou de labourage dans les champs, parfois simplement si un feu est allumé à l’aplomb (quand on sait que beaucoup de petits cultivateurs pratiquent la culture sur brûlis…). Certains villageois gagnent aussi leur vie en revendant des débris métalliques trouvés dans la jungle à des ferrailleurs… mais certains ne sont pas des débris ! Enfin, comme beaucoup d’engins (coquilles de bombes notamment) ont été récupérés pour fabriquer des meubles ou ustensiles du quotidien, il faut un effort d’éducation permanent pour que les enfants identifient ces objets comme dangereux quand ils les trouvent en forêt !
Le musée que nous avons visité présente les énormes efforts de déminage qui sont encore en cours dans de nombreuses régions du Laos, puis le travail fait au centre : peu de chirurgie mais rééducation, réadaptation, appareillage, conception de prothèses et d’orthèses sur mesures, de fauteuils roulants. Le COPE offre les soins à ceux qui ne peuvent pas se les offrir. Il promeut aussi la prévention (ne pas manipuler un objet métallique trouvé dans la forêt !) et communique activement sur son action dans les coins reculés du pays pour toucher le plus possible de publics. C’est ainsi qu’ils peuvent appareiller sur mesure des gens qui se promènent avec des prothèses maison depuis des années.
Enfin, nous avons pu constater avec joie que le COPE ne s’occupe pas uniquement des victimes des bombes mais aussi des patients amputés ou handicapés pour d’autres raisons, notamment les accidents de la route ou des accidents domestiques. En effet, vu le délai de recours au soin et la formation médicale au Laos, le recours à l’amputation est souvent nécessaire. Ils prennent aussi en charge handicaps et malformation congénitaux (notamment les pieds bots, malformation des pieds qui peut être prise en charge par des orthèses chez les nourrissons, alors que le handicap résiduel est grand si rien n’est fait). Bref, une action inspirante et une mine d’information sur une page de l’histoire méconnue. A noter que le président Obama a débloqué plusieurs millions de dollars pour des actions de déminages en son temps (c’est bien, mais c’est le premier président américain à l’avoir fait !).
Après cela nous avons gaiment franchi les 3 km nous séparant de l’ambassade de Chine dans le cagnard et récupéré nos visas !!! Hourra !
Puis Minh a ramené MC dans un tuk tuk et l’a mise au lit, cuite de soleil car elle n’a plus de chapeau. Vu le budget tuktuk de cette journée (et pourtant on a marché !) on aurait eu meilleur compte de louer un scooter… mais on y a pensé à la fin !
Nous avons passé notre dernière journée au Laos avec Virginie, son mari Matthieu, sa fille ainée Mélusine et son papa Robert. Ils nous ont en effet emmenés avec eux dans le parc national de Pho Khoa Khouay. Nous avons fait une balade dans les environs de la cascade de Tad Leuk, dans une zone consacrée à la protection de 4 espèces d’orchidée. Bon, en cette saison la cascade est à sec et les orchidées ne sont pas en fleurs, mais la balade était sympa ! On a vu des milliers de papillons multicolores, joué à chercher des pandas dans les bambous et même débusqué un (énorme) serpent sur le chemin du retour. L’occasion d’expliquer à Mélusine, 5 ans, l’intérêt des chaussures fermées, de garder ses mains pour soi et de faire du bruit en marchant.
Un dernier laap et un bon ragoût de bœuf plus tard, nous bouclons nos sacs et nous mettons au lit, prochaine étape : Auckland !