12/06 :
Après une première impression très déplaisante de la guesthouse (personnel dilettante et limite, lessive épique), on nous annonce un départ entre 10h et 11h du matin depuis l’élevage de chevaux. Mais finalement, nous partirons de l’hôtel. Vers 11h20, un groupe de chevaux et de mongols nous rejoint. On nous file nos montures, notre guide ne se présente pas, le petit jeune sympa de l’hôtel nous donne son nom et nous le désigne et basta. La petite jeune de l’hôtel, celle qui est un peu perdue, nous indique comment tenir les rênes, s’arrêter et précise de toujours penser à vérifier la sangle de la selle. En route.
La première heure est une cata. Au milieu d’un groupe d’une douzaine de personnes, nous nous battons contre nos chevaux et nous avons la désagréable impression que nos montures et les mongols nous testent. Tout le groupe veut aller vite et nous trottons tant bien que mal au bord de la route. Puis les autres s’en vont et cela va mieux, nous arrivons à prendre le contrôle de nos canassons et à profiter du paysage sublime qui nous entoure.
Nous faisons une pause déjeuner à l’ombre des arbres, traversons des rivières. Après quelques heures et un sacré mal partout (nommément aux fesses au dos aux genoux mais aussi aux mains et aux biceps à force de se battre avec nos chevaux, bien motivés pour trotter alors que nous étions épuisés) nous arrivons chez nos premiers hôtes, un couple d’éleveurs possédant principalement vaches, chèvres et moutons. Quelques chevaux aussi.
L’accueil est classique, un thé salé au lait. On s’y fait ! Autant l’airag, le lait de jument fermenté, a un goût de vomi, autant le tsai passe bien.
Nous faisons la sieste, regardons la maîtresse de maison préparer des nouilles à la viande séchée (du bœuf d’après notre palais) sur le poêle avec admiration, et regardons un genre d’Interville avec le guide. Nous rions ensemble.
La communication n’est pas du tout facile, le couple qui nous reçoit ne semble pas très curieux, et le guide pas intéressé. Il faut dire qu’après le départ totalement folklo du matin, nous sommes sur la réserve. Nous dînons, puis faisons un tour avant de regarder notre guide desseler et bouchonner les chevaux. Nous apprenons leurs noms. Celui de MC, un alezan fringant, est Zaivderr, celui de Minh s’appelle Hourin, celui du guide Sharak (nous décidons de le nommer Shark, c’est classe quand même !!) et celui de bât, Hongorr. Roulez les R, vous y serez. (orthographe non contractuelle). Quand MC demande l’âge de sa monture, la réponse met longtemps à venir, le guide regarde le cheval, compte sur ses doigts… 10 ans. Les chevaux se disputent nos caresses. Puis nous nous couchons, et ne faisons pas long feu. A peine le matelas et le duvet installés que nous pionçons comme des loirs.
Durée à cheval : 4h30
Le 13, nous nous réveillons vers 7h puis à nouveau vers 8h. Juste à temps car des voisins viennent en visite. Vers 9h, nous mangeons : pâtes, patates, viande séchée et thé. Puis nous rangeons, sellons, et partons. A peine en selle, la première impression c’est… Mal aux fesses !!
Nous sommes partis, vers 10h30. La journée se passe franchement mieux que la veille niveau équestre. Minh s’attendait à avoir plus mal aux fesses, et MC, dont la monture a passé plus d’une heure au trot sans l’autorisation de personne hier, maîtrise presque son allure. Un seul moment difficile, une descente raide et pierreuse, en haut de laquelle MC hésite. Conséquence, son cheval refuse et décide d’aller brouter. Sous un arbre. A branches basses. MC brise la première branche facilement, mais passe sous la deuxième en perdant quelque peu les étriers et finit par opérer une descente d’urgence contrôlée, bien qu’inélégante. La suite se fera à pied jusqu’en bas du raidillon. Au déjeuner, nous nous payons une sieste à l’ombre des arbres, bercés (?) par le bruit incessant de la horde de mouches qui nous suit partout. Malgré cet inconfort, aussitôt notre pique-nique (les mêmes pâtes aux patates et à la viande que ce matin) avalé, nous sombrons pour au total une heure et demie de pause.
L’après-midi commence par une longue descente dans une vallée écrasée de soleil alors qu’au loin se massent de lourds nuages.
La vallée est tellement morne que nous tentons un morceau au galop. Mogui, notre guide, s’élance et nous jette un regard en coin. MC se lâche à sa suite (pas certaine que sa monture lui laisse longtemps le choix, peu tentée par une traversée au grand trot, et bien tentée par l’expérience). Minh, lui, maîtrise plus longtemps son cheval, l’engueulant quand il démarre sans autorisation, puis le laissant aller. Grisant, un vrai plaisir pour cavaliers et chevaux, qui ne voyaient pas le bout de cette plaine un peu monotone, et plus confortable que le trot ! Les lunettes de Minh ont bien tenté une sortie mais il les a rattrapées à temps.
Après cela, nous passons rivières et champs de veaux, vaches, moutons, chèvres, chevaux (au passage, pas de poules dans les yourtes nomades !) et entendons gronder l’orage. Nous nous arrêtons heureusement avant la pluie (impossible de savoir si c’était notre destination ou si nous avons écourté pour cause de météo) dans un grand ensemble de 6 yourtes (2 familles) où nous nous posons dans la yourte d’invités qui fait aussi remise.
Après une courte pause, et voyant que la pluie ne vient pas, nous allons admirer la tonte des moutons par notre hôte.
Puis nous aidons même à ramasser les toisons coupées, pas peu fiers de mettre la main à la pâte.
Une deuxième sieste plus tard, nous prenons le thé de bienvenue et un petit gâteau, puis nous babysittons le petit dernier de la famille (adorable) pendant que les grands traient les vaches avec leur mère. Séance dessin, puis pedibus dans la steppe, c’est un vrai plaisir. Même la rencontre un peu brutale avec un seau n’entache pas longtemps la bonne humeur du bambin. Les quatre enfants de la famille (12, 8, 7 et 3 ans) mettent l’ambiance et les regarder comble les blancs dans la conversation.
Après le dîner (soupe de riz aux patates et viande séchée cette fois) nous aidons à rentrer les veaux (séparés de leurs mères pour la nuit pour permettre une traite matinale) puis les chèvres… Nous admirons l’aisance des enfants quand ils s’agit de trier chèvres et moutons. Certains moutons ne se font pas sortir de l’enclos, sans que nous comprenions pourquoi. Ceux de dehors et de dedans sont désignés en mongol différemment, mais nous ne voyons que des moutons…
Nous nous couchons bien plus heureux de cette journée que de celle d’hier, ayant eu l’impression de mieux profiter de la journée, à cheval mais surtout le soir. En outre, nous avons découvert en notre guide (la veille taciturne et posé devant la télé) un jeune homme serviable, prêt à aider, couper du bois, garder les petits de la famille, réparer une sangle avec le voisin handicapé, le tout en chantonnant. Accessoirement, nous apprendre tout ça semble l’amuser (est-ce que ça l’amuse de nous faire découvrir son pays ou est-ce qu’il se paye notre tête, dur à dire, mais nous sommes satisfaits). Bref, la communication reste complexe, comme nous avions anticipé, mais nous sommes bien plus contents !
Durée à cheval : 3h30
Le troisième jour, 14/06, nous partons tranquillement vers 11h50 et parcourons la steppe pendant 5h, coupées d’une pause déjeuner après 2h30 de balade au pas, tranquille. L’après-midi (et après sieste) fut bien plus tonique. Nous allons la majeure partie du temps au trot, dont une petite heure très active (grand trop, petits galops) après que Mogui ait carrément lâché la bride du cheval de bât en le laissant nous suivre. Celui-ci a toujours eu droit à un traitement favorable, étant rarement attaché ou entravé… Sans doute ce bon vieux Hongorr (Khongor, comme la dune dont il a la couleur ?) est-il très docile. Toujours est-il que le récupérer quand il décide d’aller boire ou d’aller à l’écurie dans la première yourte croisée pimente notre aprem. Puis le cheval de notre guide, lassé de nous entendre arriver au trot pour le rattraper, lui en fait voir de toutes les couleurs. Nous trottons bon train derrière. En fin d’après-midi, une bande de gamins du coin se joint à nous et nous faisons étape dans une famille encore plus sympa et accueillante que celle de la veille (à point nommé car nous tenons à peine en selle!).
La mère de famille, la cinquantaine joviale, est bavarde, joueuse et entraînante. Tout ce qu’il faut pour qu’elle essaye de communiquer avec nous non stop ! Nous chantons (surtout elle !), cuisinons (MC tente les nouilles, un peu épaisses !!) et jouons au dinosaure sur le téléphone d’MC (surtout les enfants). Pour ceux qui ne connaissent pas, lancez Google Chrome hors connexion et vous verrez. Après avoir rentré les veaux sous la pluie, nous nous couchons en piètre état ! Mal aux fesses, lumbago pour MC, courbatures partout… Nous sommes cuits. Peut être la durée du trek est-elle un peu optimiste ? En tout cas, le dépaysement est total et l’expérience de la Mongolie est à la hauteur de nos attentes. Demain, heureusement, c’est jour de break ! Pas de cheval (spoiler: ou pas).
Durée à cheval : 5h
15/06 :
Jour de pause. Le matin est consacré pour notre part à du farniente, une sortie dans les bois (nous avons profité de l’occasion pour en ramasser et le couper) et faire face à une invasion de chèvres. C’est sympa, curieux et intelligent (hum), une chèvre. Mais ça mastique tout ! Le pantalon de MC, la veste de la maîtresse de maison qui traîne, notre tabouret, le fil du panneau solaire… Nous les chassons donc. Mais c’est têtu, une chèvre, et elles reviennent ! Inutile de dire que cela nous a occupés un peu.
Pour le repas de midi, c’est atelier buuz. Le buuz (prononcer bodjz) est un ravioli vapeur, emblématique de la cuisine mongole. On nous en avait dit du mal, notamment que la farce, pleine de viande, n’était pas très fine, mais d’une part notre hôtesse cuisine bien, et d’autre part, nous sommes en été : la saison des « produits blancs », les produits laitiers. Après un yaourt succulent (un peu acide mais avec une bonne dose de sucre, un vrai délice de fromage blanc battu) hier, du beurre-crème-kiri (produit dérivé du lait difficile à identifier, plus épiais que de la crème, plus mou que du beurre, destiné à finir entre du pain et un produit sucré, genre confiture ou sucre en poudre, appelé beurre), nous en prenons plein la vue et les papilles. Pour l’instant, pas trop de catastrophe gastrique en vue, un peu de bataille entre notre flore et le premier yaourt la semaine dernière mais c’est tout. Chaque matin après la traite le lait est bouilli, ce qui nous rassure.
Pour en revenir à nos buuz, la farce est composée de viande séchée et de fromage du jour; une pâte cuite ressemblant à de la fêta non affinée, saupoudrée d’ail des ours et de beurre. Dans une pâte standard, un tour à la vapeur et mangé si frais qu’on s’en brûle les doigts, c’est tout simplement un délice !
Au programme cet après-midi, douche aux sources chaudes de Tsagaan Sum. A 6km d’ici. A cheval. Hem (je crois que nous nous sommes faits avoir).
Au final nous avons admiré les sources, qui sont chaudes. Mais pas de douche, car l’endroit est à moitié désert en dehors de quelques mongols qui font leur lessive en famille et d’un supermarché (celui auquel nous avions acheté la vodka lors de notre tour du Gobi !). Nous sourions de voir nos deux tours se croiser, et remontons à cheval pour le retour. Le retour est rapide en l’occurrence, car nos canassons font la course, plus ou moins avec notre accord (certainement pas quand il s’agit de sauter un fossé mais bon) et avec la supervision bienveillante de Mogui.
Nous finissons par nous laver dans le ruisseau du bas de la colline, vers la yourte. L’eau est glacée mais ça fait quand même du bien !
Durée à cheval : 2h30-3h
Nous passons la fin d’après midi à nous reposer puis à nous amuser des pitreries des 4 petits enfants de nos hôtes (13, 9, 4 et 2 ans, quatre petits gars débrouillards dont les deux grands sont vissés à cheval, et les petits trafiquent dans les prés) puis à courser les 6 veaux de la famille. Nous devenons meilleurs pour comprendre les questions qu’on nous pose !
16/06 :
Au réveil, mauvaise surprise : il pleut sans discontinuer depuis plusieurs heures. Vers 10h, ça se calme. Nos cacahuètes et paquets de biscuits pour les enfants sont accueillis avec effusion, et nous prenons la route sans entrain sous un ciel menaçant.
Malgré tout, nous nous sentons plus à l’aise à cheval, et nous profitons bien de la balade, en dehors d’une demie heure d’averse environ. Nous mangeons au sommet de la colline à midi sous un improbable soleil qui nous permet de faire notre habituelle sieste.
Et entamons la lente redescente vers la vallée de l’Orkhon. Nous arrivons chez notre famille d’accueil vers 14h30, avec l’orage sur nos talons. Nous passons une après-midi pluvieuse, à préparer les nouilles, rire des pitreries de la fille unique de la famille (5 ans) et finalement apprendre un jeu de carte mongol, variante de la belote. Le tout agrémenté de vodka locale. Nous rions beaucoup, y compris notre si discret guide, et Minh gagne même une partie !
Puis, après dîner, nous faisons une balade dans la vallée et croisons miraculeusement un filon de 4G. Ni une ni deux, nous escaladons la colline et là, miracle technologique, nous suivons en direct (sur le direct de l’Equipe, pas en vidéo) les 20 dernières minutes du premier match de poule de la France en coupe du monde ! (accessoirement nous recevons avec plaisir des nouvelles de la famille, bien sûr)
Après le repas, nous aidons à rentrer les chèvres, avec également les deux sœurs de notre hôtesse, venues de la ville pour le week-end/les vacances. Amusant de voir ces deux minettes bien habillées mettre des bottes, un bonnet et rentrer les chèvres ou aider à traire les vaches.
Durée à cheval 3:30
Au réveil, le 17, il pleut encore. Nous tuons le temps en jouant aux cartes, parties que Minh gagne à nouveau, et décollons vers midi, au gré d’une éclaircie qui semble se maintenir. Seule ombre au tableau, MC a mal au ventre et la diarrhée. Il fallait bien que ça arrive dans ce voyage, mais si ça avait pu éviter la rando à cheval… La fin de matinée est galère mais heureusement, ça va vite mieux. En fin d’après-midi, nous cherchons un peu la famille chez qui nous logeons qui n’a pas encore pris ses quartiers d’été. Au final, nous les trouvons 5 km plus loin que prévu.
Ici vivent des grands parents avec leur petit-fils dont les parents sont à UB (est il en vacances ou vit-il là, nous ne saurons pas !). MC commence par une sieste et personne ne lui pose de questions. La « grand-mère » qui nous accueille est bien jeune, et à l’air plutôt sympa.
Le gros inconvénient d’être dans les quartiers d’hiver est que la « cour » devant la yourte est couvertes de déjections. Crottes de chèvres, cheval, yak, moutons, vaches et j’en passe, tassées et balayées par endroit, mais présentes. Heureusement ça ne sent pas trop, mais c’est étonnant. Les familles précédentes étaient à leurs quartiers d’été depuis peu et ce n’était pas le cas (encore ?). Nous passons la soirée tranquillement, MC arrive à ne rien manger sans trop vexer ses hôtes grâce au dévouement de Minh, et la soirée traîne un peu : nous nous couchons vers 22h30, nous qui avions l’habitude de dormir vers 21h30 🙂
Cette nuit à nouveau nous dormons dans la yourte familiale, avec nos hôtes, le bébé, notre guide… Nous nous y faisons. Le soucis, c’est vraiment la nourriture. La soupe de nouilles à la viande séchée, (même avec nouilles maison fraîches), ou sa variante, le riz (trop cuit) à la viande séchée… Nous saturons !
Nous nous sommes habitués au cheval (si on oublie l’épisode gastro), nous passons de vrais bons moments avec les familles mongoles. Nous apprécions le tsai et le yaourt frais maison qui sent bon la vache, mais nous rêvons de boustiffaille. Crudités, légumes, pizza, burgers, sushi, produits frais… Nous salivons devant notre marathon bouffe pour UB et surtout Séoul !
Durée à cheval : 4h30
Le 18/06, nous décollons vers 11h30 après avoir pris notre temps : coupé du bois avec le grand père et le petit fils, mangé des petits pains au fromage, fait notre toilette, constaté la guérison de MC… Nous profitons à fond de cette avant dernière journée à cheval, malgré une petite heure difficile en fin de matinée quand un des chevaux (le cheval de bât, ou celui de MC ?) s’énerve à force d’être piqué par des insectes et transmet sa colère aux autres. Les quatre bestiaux commencent alors à secouer la tête, trotter sans autorisation, aller fourrer leur tête dans la queue de celui devant, faire des écarts… Minh finit même par terre, heureusement dans du gazon moelleux. Mogui garde plus ou moins le contrôle, et la chute de Minh agit comme un électrochoc : à part le cheval de bât qui continue de s’énerver, les trois autres se calment. Nous en profitons pour trotter un peu, et profiter du paysage sublime qui nous entoure. Après les montagnes, les forêts, les rochers de la veille, la vallée de l’Orkhon nous entoure, verdoyante et pleine d’animaux, avec sa jolie rivière et ses montagnes.
Pendant notre traditionnelle sieste, un mongol qui passait en moto fait un détour pour venir nous voir. Après lui avoir offert du soda, il nous demande où nous allons, si nous y allons à pied, en guise de réponse, nous avons montré la direction, nos chevaux et notre guide. Il était content, il a attendu 5 min que notre guide finisse sa pause pipi, et ils ont parlé quelques minutes, de nous (entre autres), de l’agence de trek, et il est reparti. Nous le soupçonnons de s’être arrêté pour vérifier que nous allions bien, deux étrangers au milieu de nulle part, ça ne doit pas arriver tous les jours ! Après cet épisode, nous sommes très fiers de nos progrès en mongol.
Puis c’est reparti ! Au milieu de l’après midi, notre guide nous laisse sur place 5 minutes pour aller aider un fermier à rassembler ses chevaux. En effet, le troupeau avait traversé la rivière, et le fermier en question, à moto, était bien embêté ! Alors que Mogui, à cheval, a pu traverser sans soucis (en recroquevillant ses pieds sur sa selle, quand même).
Finalement, après une longue journée à cheval (5h30!) nous arrivons fatigués mais bien contents de nous.
La famille qui nous héberge ce soir est nombreuse. 6 enfants, dont un grand frère très investi, et un adorable bébé de 6-8 mois (selon l’estimation grossière de MC). La deuxième sœur semble avoir un gros retard mental, et toute la famille s’en occupe bien. Malgré la fatigue, nous jouons avec la bande des moyens (7-9 ans) à faire des roulades dans l’herbe, lancer un cerceau (de pneu) sur un piquet et rions des pitreries du bébé.
Duree à cheval : 5h30
Le dernier matin, nous partons doucement, mais nous sommes fatigués, les chevaux sont énervés et nous avons tous hâte d’arriver. L’heure et demie de route est longue, et MC fait même un bout à pied le temps que sa monture, et elle, se calment. Notre gros ras-le-bol de la nourriture se fait sentir, nous mangeons à peine.
Durée à cheval : 1h30
Pour le coup, hors de question de rester au Morin Jam Café, direction la « Gaya guesthouse », l’hôte qui vient nous chercher, parle un excellent anglais, nous aide et nous conseille ! Quel bonheur de prendre une douche, un thé et se reposer dans un lit ! Nous rencontrons aussi Guillaume, élève ingénieur agronome, qui travaille avec des éleveurs nomades pour fabriquer du fromage à la française. Nous avons eu l’occasion de goûter ses crottins au lait de vache : un délice ! Rien à voir avec le fromage des steppes que nous avons pu goûter auparavant. A priori, c’est parce qu’il utilise de la présure pour faire cailler le lait, et non du yaourt fermenté, et du sel pour stopper le processus, ce qui limite l’acidité (on en a appris long sur le fromage !). En tout cas, c’était bon !
Nous avons aussi fait un petit tour à pied, au monastère d’Erdene Zuu, qui date du 16ème siècle. Il s’agit d’un lieu de culte dédié au bouddhisme tibétain. Il reste 3 bâtiments sur les 60 d’avant les purges de 1937, et le lieu a été restauré en 1965 (pour devenir un musée) puis ré-ouvert au culte en 1990. L’enceinte qui entoure les lieux est composée de 108 stupas blancs (108 est un nombre sacré du bouddhisme), et un charme certains se dégage de l’ensemble. Les bâtiments ressemblent un peu au temple des lamas à Pékin, et pour cause.
Nous escaladons ensuite une colline voisine pour trouver deux sculptures datant de la grande époque de Karakorum-capitale-de-l’empire-mongol (dans les années 1280) : une pierre en forme de phallus d’une part, et d’autre part une tortue et sa stèle, qui avec 3 comparses, assuraient protection et longévité à la cité, depuis les quatre points cardinaux. Nous reprenons le chemin de l’hôtel passablement épuisés après cette « petite » balade de 8 km, mais faisons quand même une petite séance photo avec les chèvres du coin… elles sont vraiment mignonnes !
Le soir, nous buvons une bière avec Guillaume et son interprète (Zorloo, un jeune mongol francophone de 20 ans) et finissons ce qui reste de chartreuse. Nous apprenons à cette occasion la raison pour laquelle les chèvres sont enfermées la nuit et pas les moutons ! Parce que… elles mangent la yourte la nuit si on les laisse en liberté ! Alors que les moutons, non ! Voila voila…
Au total bilan de ce trek à cheval : 30h à dos de cheval à une altitude variant de 1500 à 2000 m d’altitude, 150 km parcourus environ, 7 nuits par terre en yourte chez 6 familles différentes (4 dans une yourte annexe, 3 avec la famille), une multitude de versions des nouilles à la viande séchée, deux fois des buuz, des courbatures improbables et des bleus aux fesses, une gastro éclair pour MC, mais surtout des paysages sublimes, des chèvres, des moutons, des vaches, des veaux, des rencontres touchantes ou amusantes, et un bel enrichissement et du dépassement de soi ! Nous sommes ravis, malgré les hauts et les bas.
Après un sommeil réparateur, la journée 20/06 est consacrée à faire la route de Kharorin à UB, en bus. Nous mangeons des khushuur (c’est les beignets de viande frits, suivez un peu !) sur la route, nous posons à la même guesthouse que la dernière fois. Le grand plaisir de la journée survient à l’heure du dîner : de la viande rouge saignante accompagné de légumes ! Ce petit plaisir gustatif nous fait revivre intérieurement !
Le lendemain, 21/06, nous passons la journée à faire de la logistique pour les prochaines étapes de notre périple, nommément la Corée et le Japon : acheter un Japan Rail Pass, regarder les choses que nous avons envie de voir, faire et goûter à Séoul, et au Japon. Nous ne perdons tout de même pas le nord et allons déjeuner à l’E-mart sur les conseils de Mori pour déguster une pizza américaine bien grasse !
Dans un registre plus culturel, nous allons ensuite visiter le tout nouveau musée des dinosaures, qui présente des fossiles restitués par le gouvernement américain, notamment. Les fossiles présentés sont à couper le souffle ! Un squelette complet de Tarbosaurus baatar, le plus proche cousin du T-rex, trone à l’entrée. De nombreux autres fossiles complets impressionnants se trouvent dans ce minuscule musée… Les espèces locales sont proches de celles que l’on connait : Psittacosaurus, Protoceratops… Œufs brisés avec le petit dedans, Velociraptor et sa proie en train de se battre, Oviraptor couvant ses œufs… Le Gobi de l’époque, très fertile, était malgré tout soumis à des tempêtes de sable, qui piégeaient les dinosaures… Un bonheur de paléontologue. La muséographie est un peu kitsch, le musée est minuscule (3 salles en tout et pour tout), mais les pièces présentées sont vraiment incroyables, par leur nombre, leur variété, leur taille et surtout leur qualité. A voir en cas de passage à UB !
Pour bien finir la journée, nous retrouvons nos colocataires de dortoir de la veille, eux aussi français, au bar du coin. En effet, la France affronte le Pérou en phase de poules de la coupe du monde. Le match a lieu à 23h, mais nous sommes 6 français et une dizaines de mongols dans le bar. Initialement, c’est une télénovela mongole qui passe, mais nous arrivons à zapper sans nous faire lyncher. Devant notre enthousiasme, nos voisins mongols qui soutenaient initialement le Pérou (pour nous taquiner) finissent par se prendre au jeu et acclament les bleus avec nous, trinquant au moment du but de M’Bappé. Satisfaits de cette victoire et de cette qualification qui nous assurent d’autres soirées match, nous nous couchons tard. Le réveil avant 6h pour prendre l’avion demain va piquer !
Prochaine étape : Séoul, pour un retour à la civilisation en douceur sur la route du Japon.