03-04/04/18

Nous passons donc une journée et demie à Luang Prabang. Depuis le trek, nous tournons à petit régime, et nous n’avons pas envie de grandes excursions ni de grandes marches. Après avoir récupéré notre chambre d’hôtel (le patron nous a relogé chez son frère faute de place chez lui, notre première expérience du surbooking via Booking.com) et enfin pu faire sécher les chaussures de MC qui commençaient à dégager un doux fumet, nous visitons le musée d’ethnologie et d’artisanat. Il s’agit d’un minuscule musée, mais très bien fait.

Il présente de façon claire et visuelle la diversité ethnique du Laos, via les habits traditionnels et les types d’artisanat des différentes ethnies. Il y a une soixantaine d’ethnies au Laos, répartis en trois groupes au lendemain de la révolution sur la base de l’habitat de chaque groupe (Lao des plaines, des montagnes et des sommets). Or cet habitat reflète davantage les différentes vagues d’implantation au Laos que de réelles parentés. La classification a été refaite sur des critères linguistiques dans les années 90 : Lao Tai (65%), Môn Khmer (23%, l’ethnie la plus représentée de ce groupe est l’ethnie Khmu), Hmong Yao (9%, avec toutes les catégories de Hmongs. C’est une ethnie d’origine chinoise répandue dans toutes la zone… avec aussi une grosse population en Europe et aux USA) et Sino Tibétaines (3%, avec notamment des ethnies d’origine Birmane). Quand on voit cette diversité, on imagine les différences culturelles entre les groupes, qui peuvent être énormes.

Les habits traditionnels, les techniques utilisées, le mode de vie, les traditions des principales ethnies sont clairement présentés, ainsi que la façon dont les gens se sont adaptés aux nouveaux matériaux (notamment) disponibles. Le musée ne perd pas de vue non plus le risque de la disparition de certains savoir-faire au profit de l’utilisation de produits industrialisés, et propose des ateliers pour différencier un produit fait main d’un produit fabriqué en usine… avec d’intéressantes indication sur les temps de fabrication. Certains foulards tissés prennent une semaine à fabriquer, on comprend alors qu’ils soient plus chers !

Le jeudi matin nous nous levons tôt, afin de visiter le marché du matin ! C’est un marché plus authentique en effet que celui du soir, c’est là que les Lao se procurent leurs produits frais, vendus par les gens de la campagne environnante… et il y a aussi beaucoup de produits de la jungle ! Fruits sauvages, rayons de miel (et miel), grenouilles, herbes fraiches, fruits, graines et légumes, tout y est !

Nous goûtons des beignets de riz gluant au maïs (un régal !), des galettes de riz trempées dans l’œuf et cuites au barbecue (un peu fade), un rayon de miel grillé au barbecue dans une feuille de banane (eurk ! c’est mou, douceâtre et on s’est demandés si on mangeait les abeilles avec).

L’après-midi, nous avons décidé de nous inscrire à un atelier « coutellerie », dont nous avons aperçu la publicité au détour d’une rue. Nous avons passé tous les deux l’après-midi auprès d’un forgeron, très gentil, qui nous a montré (et fait essayer !) chaque étape de la fabrication d’un couteau : martelage, découpe de la bonne quantité de métal, façonnage, polissage, trempage, emmanchage, affutage, polissage. C’était passionnant et ludique, nous avons eu le plaisir de pouvoir mettre la main à la pâte et de pouvoir choisir la forme de la lame, le type de manche etc. La participation de MC à cet atelier a étonné notre guide, lui-même fils de forgeron (ce qui donnait beaucoup plus de relief à ses explications car il ne se contentait pas de traduire les propos du forgeron mais les mettait en perspective) ; au Laos il n’y a pas de femmes forgeron. L’outillage était rudimentaire (feu de charbon avec un ventilateur, enclume ronde plantée dans le sol et quelques meules électriques pour le polissage, bloc de grès pour l’affutage) mais le savoir-faire du forgeron et de ses assistant était indéniable. Le coup d’œil était là, et la communication entre eux se passait de mots ; chacun savait ce qu’il se passait (sauf nous).

La lame façonnée par Minh s’est malheureusement fendue à deux reprises lors du trempage, donc il a dû repartir avec un couteau fabriqué auparavant (mais affûté par ses soins), un peu déçu. MC a franchi (avec beaucoup d’aide, car la forge est un métier physique quand même) chaque étape et repart avec son produit.

Après une douche et une soupe chaude, c’est sous une pluie battante que nous embarquons dans le bus de nuit pour Vientiane.

Prochaine étape : Vientiane, pour réussir nos visas pour la Mongolie et découvrir un peu cette capitale si calme.

Au croisement de la Nam Kham et du Mekong

Coucher du soleil sur le Mékong

Marché du matin

Attention les doigts !

Catégories : Récit du voyage

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