Siem Reap et les Temples d’Angkor

15-18/03/18

Quand on vous dit « Angkor » vous pensez à quoi ? Au drapeau du Cambodge, à un temple en ruine perdu dans la jungle, à Tomb Raider et aux courbes d’Angelina Jolie, à des jeux de mots vaseux sur le style de « Angkor une tournée !» ?

Avant de préparer notre visite (dans le bus de Phnom Penh à Siem Reap, donc ça va que le trajet dure 6 heures) nous n’avions aucune idée de l’ampleur du site. En réalité ce n’est pas LE temple d’Angkor mais LES ! Sur une surface (connue à ce jour) de 400 km² en partie couverts de forêt, 287 temples ont été recensés ! Il s’agit en fait de l’emplacement des différentes capitales de l’empire Khmer (qui a duré du IX^ème au XVI^ème siècle de notre ère. Le territoire administré par les rois Khmers comportait ce qui est actuellement la Thaïlande, une partie de la péninsule malaise, une grosse partie sud du Laos et une grosse partie du sud du Vietnam. Cette partie vietnamienne comprenait notamment un petit port de pêche peu développé au bord d’une petite rivière, « la rivière de Saigon », dont elle a pris le nom. Cette petite ville a pris de l’ampleur en deux temps : à la chute de l’empire Khmer puis au début de la colonisation française. Les échelles se sont bien inversées depuis !

Pour en revenir à l’empire Khmer, c’était un empire conséquent, et sa capitale aurait compté jusqu’à 800 000 habitants à la fin du XII^ème siècle. Seuls les temples subsistent car les « simples » mortels n’avaient pas droit à la pierre pour leurs habitations, mais au bois… qui a disparu depuis belle lurette. La religion d’état était initialement hindoue, puis peu à peu bouddhiste. Le style architectural des temples a par conséquent beaucoup évolué au fil du temps. Les plus anciens, en briques, ressemblent aux temples des chams… hindous (depuis le XVII^ème, la plupart des chams sont musulmans). On ne sait toujours pas avec précision comment ce temples ont pu être construits car les briques sont tellement jointives qu’on ne peut pas glisser une feuille de papier entre… il n’y a pas de mortier ! Puis peu à peu la pierre fait son apparition, ainsi que les bas-reliefs raffinés qui ont fait la célébrité des temples d’Angkor (et la joie des pilleurs). La majorité des temples sont des « temples montagnes » avec une tour centrale représentant la montagne sacrée de la religion hindoue et parfois des bassins. Certains sont des temples plats. Tous ont une orientation Est-Ouest et globalement un plan en croix-grecque. Beaucoup ont un mur d’enceinte et des douves. Le principal, en tout cas le plus connu, celui d’Angkor Wat, est en très bon état (il est resté un lieu de culte quasi en permanence même après la chute de l’empire Khmer car le site n’a jamais été oublié comme a pu l’être le Machu Picchu par exemple) mais dans certains, la nature (et la gravité) a repris ses droits. Beaucoup de pillage dans le dernier siècle et demi a ravi aux sites ses plus belles sculptures, mais contrairement à ce qu’on observe en Europe, les pierres n’ont pas (la plupart du temps en tout cas) été réutilisées pour des constructions ultérieures. Pour visites les principaux temples, deux circuits sont tracés : le petit et le grand (original). Vue l’étendue du site, plusieurs jours sont nécessaire pour l’appréhender totalement. Le pass 1 jour coûte 37 USD, 3 jours 62 USD, 7 jours 72 USD. C’est cher mais les sites sont bien entretenus, nettoyés en permanence et il ya des WC partout. Par ailleurs l’accès est gratuit pour les cambodgiens (salaire moyen 150 € donc on voit difficilement comment l’inclure dans le budget familial autrement).

Nous avons opté pour un pass 3 jours avec un jour de relâche au milieu. Le premier jour, nous avons décidé de voir le lever de soleil sur Angkor Wat puis de faire le grand circuit, en se payant un Tuk-Tuk pour optimiser les temps de trajet (34 km le grand tour quand même, en sachant que le site est à 8-9 km de la ville en plus!). Comme nous n’avons pas pu acheter notre billet la veille (la billetterie ferme à 17h30 soit une bonne heure avant notre arrivée à Siem Reap) nous avons fait l’ouverture du guichet sur les conseils de notre hôtelier. Nous étions donc dans le Tuk-Tuk à 4h30, au guichet à 5h et sur site à 5h30, dans la nuit la plus noire, avec juste les étoiles et un mince croissant de lune pour s’éclairer. Devant nous, la nuit noire (et les lampes de centaines d’autres gens qui ont eu la même idée que nous, pour être honnêtes). Ca reste un moment magique. Peu à peu la célèbre silhouette d’Angkor Wat se détache en noir sur un ciel bleu profond qui s’éclaircit, la lune pâlit. Le ciel rosit, puis tout s’illumine, avec le temple à contre-jour qui se reflète dans le bassin aux ablutions. Si on fait abstraction de la foule, c’est fabuleux ! Dès que le soleil se lève, les cigales commencent à crisser et nénuphars s’ouvrent. C’est magnifique.

Nous ne visitons pas le temple ce jour là, et revenons sur nos pas pour remonter à bord de notre Tuk-Tuk et aller prendre le petit dej (gentiment fourni à emporter par l’hôtel) ailleurs en attendant l’ouverture des autres temples. Un regard en arrière nous montre le soleil en train de surgir derrière la tour latérale du temple… Dire que nous avons failli rater ça !!

Nous petit déjeunons en tête à tête en vue de la porte sud de la cité d’Angkor Thom puis visitons un à un les temples du grand circuit : Preah Khan, Neak Pean, Ta Som, le Mébon Oriental, Banteay Samrè (qui est en fait à quelques km en dehors du circuit, en traversant un très joli village sur pilotis) et Pre Rup. Il y en a des neufs, des vieux, des grands, des petits, des ruines, des en parfait état… Un festival. Nous en prenons plein les mirettes. Une minuscule mamie chauve nous bénit au passage dans une tout aussi minuscule chapelle abritant une statue et quelques bâtonnets d’encens incandescents. Nous crapahutons gaiment,

Vers 15h nous nous effondrons à l’hôtel, recrus de fatigue. Et cuits de chaleur. Nous enchainons sieste et piscine, puis le restau en face de l’hotel et zou ! Dodo.

Pour ce qui est du petit circuit, nous avons démarré un peu plus tard, vers 6h30, à nouveau en tuktuk, découragés de nos ambitions de cyclisme par la chaleur de la veille. Nous visitons ce jour là le temple d’Angkor Wat, dont les bas-reliefs magnifiques méritent d’être détaillés tranquillement. La visite nous prend bien deux grosses heures, petit déjeuner compris. C’est à la fois le temple le plus connu, le mieux conservé et le plus grand. Un régal. Nous nous perdons ensuite dans la cité gigantesque d’Angkor Thom, où se trouve le temple du Bayon, dont chaque tour présente quatre visages, faisant face à chaque point cardinal. Les théories divergent : s’agit-il de Brahma (dont c’est la représentation classique) ou des quatre vertus de Bouddha (sympathie, pitié, humeur égale, égalité) ou un peu des deux, puisque le temple date de l’époque charnière ?

En face se trouvent d’autres vestiges de la cité : temple du Baphûon, avec son immense Bouddha couché rajouté plusieurs siècles après l’effondrement de sa pyramide, terrasse des éléphants et terrasse du roi lépreux, palais royal… nous déambulons à nouveau quelques heures, ravis d’échapper à la foule. Car autant notre visite du grand circuit a été faite au calme, autant nous avons passé la visite d’Angkor Wat et du Bayon à slalomer entre les groupes de touristes chinois. Ils ne sont pas désagréables, ils ont l’air content d’être là, ils sourient et font des blagues entre eux… Mais ils sont très nombreux (trop) et sont d’une patience inégalable quand il s’agit de poser un par un puis par groupe de quelques uns devant un point clé de la visite pour rapporter toutes les photos souvenir possible… et ils promènent leur téléphone sur la perche à selfie en permanence, ce qui varie entre « franchement agaçant et un peu ridicule » et « dangereux » selon la densité de la foule et la largeur des passages.

Nous n’avons pas fini le petit tour ce jour-là, trop fatigués. Nous avons préféré faire la sieste et prendre l’apéro (puis le repas et le post apéro) avec Lauranne (la collègue de Minh) et son ami Thomas avec qui elle voyage. Nous avons bien discuté, passé une excellente soirée et même rencontré des vendeurs de chez Orange en séminaire ici !

Pour finir le petit circuit, nous nous sommes levés tôt le sur-lendemain pour aller, en vélo cette fois-ci, visiter le célèbre Ta Prohm, perdu dans la végétation, que d’immenses fromagers menacent. Cet arbre possède en effet des racines capables de faire 10m pour rejoindre la terre. Aussi, une graine posée en haut d’un mur (dans une fiente d’oiseau par exemple) donnera naissance à un arbre… Contenant le mur ! Le cauchemar des restaurateurs… Mais l’ambiance est incroyable dans ce temple. Accessoirement, c’est celui qui a prêté son cadre au film Tomb Raider avec Angelina Jolie.

Nous avons échappé à la foule en effet, et profité de la fraicheur très relative liée aux quelques nuages du jour pour visiter aussi le temple Banteay Kdei. Et heureusement car c’est peut être un de ceux que nous avons préféré, entre restauration bien faite, cours isolées ou nous nous sommes retrouvés seuls, plan tout simple et foule moins dense. Nous avons admiré le bassin immense situé en face, Srah Srang.

Le soir, nous avons refait l’aller-retour pour rentabiliser nos vélos, dans le but d’admirer la façade d’Angkor Wat sous la lumière du soleil couchant… Sans succès évident puisque l’accès au site était fermé depuis un quart d’heure quand nous sommes arrivés… Et que nous nous sommes payés les bouchons en rentrant sur Siem Reap. Pas joyeux joyeux. Au total 45 km de VTT (sur route) environ, et les fesses en marmelade car la selle était bien dure.

Le jour où nous n’avons pas visité les temples, nous avons farnienté, nagé dans la piscine de l’hôtel, visité le musée national d’Angkor, très complet et enrichissant sur l’art Khmer et les différentes périodes architecturales des temples, et oublié de récupérer notre lessive à la laverie.

Pour finir, après avoir difficilement récupéré tout le linge confié en lavage, nous embarquons en direction du Laos le 19/03 à bord d’un minibus de la compagnie AVT (Asian Van Transfer). Prochaine étape : la région des 4000 Iles, au cœur du Mékong, dans l’extrême sud du Laos.